Jean-Paul Sartre


                   

Œuvres
Jean-Paul Charles Aymard Sartre naît le 21 juin 1905, au domicile de ses grands-parents maternels dans le 16 arrondissement de Paris. Fils unique, il est issu d’une famille bourgeoise : sa mère Anne-Marie Schweitzer appartient à une famille d’intellectuels et de professeurs alsaciens, les Schweitzer (elle est la cousine d'Albert Schweitzer), son oncle maternel Georges Schweitzer, frère de sa mère donc, est polytechnicien ingénieur du Génie maritime , son père Jean-Baptiste, fils d'un docteur en médecine de Thiviers, est également polytechnicien de la promotion 1895, sorti en 1897 officier de marine. Le couple s'est uni le 3 mai 1904 dans le 16e arrondissement de Paris et le petit Sartre, né quelque treize mois plus tard, n'a jamais connu son père, qui meurt de la fièvre jaune le 17 septembre 1906, quinze mois après sa naissance.
De 1907 à 1917, le petit « Poulou », comme on l’appelle, va en effet vivre avec sa mère chez ses grands-parents maternels. Il y passe dix années heureuses, adoré, choyé, félicité tous les jours, ce qui contribue sans doute à construire chez lui un certain narcissisme. Orphelin à l'âge de quinze mois, c’est donc son grand-père, Charles Schweitzer, professeur agrégé d'allemand à la retraite, auteur du Deutsches Lesebuch, une méthode expérimentale reconnue sous la IIIe République, qui fit son instruction avant qu’il n'entre à l’école publique à dix ans. Dans la grande bibliothèque de la maison Schweitzer il découvre très tôt la littérature, et préfère lire plutôt que de fréquenter les autres enfants (enfance évoquée dans son autobiographie Les Mots).
Cette période se termine le 26 avril 1917 lorsque sa mère se remarie dans le 5e arrondissement de Paris avec Joseph Mancy, polytechnicien , ingénieur du Génie maritime, de la même promotion que son frère Georges et son défunt mari. Sartre, alors âgé de 12 ans, ne finira jamais de haïr son beau-père. Le couple déménage alors à La Rochelle, où Sartre restera jusqu'à l'âge de 15 ans, trois années qui seront pour lui des années de calvaire : il passe en effet du climat familial heureux à la réalité des lycéens qui lui paraissent violents et cruels.
Vers l’été 1920, malade, Jean-Paul Sartre est ramené d’urgence à Paris. Soucieuse de son éducation qui pourrait être « pervertie » par les mauvais garçons du lycée Eugène-Fromentin de La Rochelle, sa mère décide que son fils restera à Paris.  

Jean-Paul Sartre, étudiant à l'École normale supérieure de Paris en 1924.
À treize ans, il est brièvement inscrit au lycée Montaigne. À 16 ans, Sartre revient au lycée Henri-IV où il avait été élève en sixième et cinquième. Il y retrouve Paul Nizan, lui aussi apprenti écrivain, avec qui il nouera une amitié si fusionnelle qu'ils étaient surnommés « Nitre et Sarzan » Épaulé par cette amitié, Sartre commence à se construire une personnalité. Pour l’ensemble de la « classe d’élite » — « option » latin et grec — dans laquelle il étudie, Sartre devient le SO, c'est-à-dire le « satyre officiel » : il excelle en effet dans la facétie, la blague.
Sartre, toujours accompagné de Paul Nizan, prépare le concours d'entrée à l'École normale supérieure au lycée Louis-le-Grand. Il y fait ses premières armes littéraires, en écrivant notamment deux petits contes, deux sinistres histoires de professeurs de province, dans lesquelles éclatent son ironie et son dégoût pour les vies conventionnelles. Dans le même temps, Sartre reprend son rôle d’amuseur public avec Nizan, jouant blagues et petites scènes entre les cours. En 1924, deux ans après leur entrée à Louis-le-Grand, Sartre et Nizan sont tous deux reçus au concours de l'École normale supérieure de Paris (ENS)